Les stéréotypes qui freinent les femmes dans l’industrie du camionnage au Québec
- Francis Tremblay
- 13 oct.
- 3 min de lecture

Un métier encore trop souvent perçu comme « masculin »
Malgré les efforts déployés au cours des dernières années pour favoriser la diversité dans le transport routier, les femmes ne représentent toujours qu’environ 4 % des conducteurs de véhicules lourds au Québec. Un chiffre qui stagne, en partie à cause des stéréotypes persistants qui continuent de teinter la perception du métier.
L’image du camionneur « costaud, solitaire et endurant » reste profondément ancrée dans l’imaginaire collectif. Plusieurs femmes hésitent à franchir la porte des centres de formation, redoutant un environnement où elles pourraient ne pas se sentir à leur place. Certaines racontent encore faire face à des commentaires condescendants ou à des doutes sur leurs capacités physiques, malgré une expertise égale à celle de leurs collègues masculins.
Des préjugés tenaces sur les compétences et la vie sur la route
Les stéréotypes ne se limitent pas à la force physique. Plusieurs employeurs ou formateurs reconnaissent qu’un biais inconscient persiste autour de la « capacité des femmes à gérer les longues heures de route », ou leur prétendue préférence pour des emplois « plus stables ».
Pourtant, de nombreuses camionneuses démontrent chaque jour qu’elles excellent autant dans les longues distances que dans les livraisons locales ou spécialisées.
Certaines subissent également un jugement social : la société associe encore souvent le rôle de la femme à la sphère familiale, rendant difficile la conciliation entre la vie sur la route et la vie personnelle — un défi que les hommes, eux aussi, affrontent, mais qui est plus souvent reproché aux femmes.
L’importance d’un changement culturel
Des organismes comme Camo-Route, Femmes et métiers non traditionnels (FMNT) et des plateformes médiatiques comme Camionneuses Québec multiplient les initiatives pour briser les tabous et encourager les femmes à intégrer ce milieu.
La clé, selon plusieurs intervenantes, réside dans l’éducation et la visibilité : montrer que les femmes sont déjà présentes, compétentes, et qu’elles contribuent à transformer positivement l’industrie.
Les entreprises qui ont adopté une culture inclusive témoignent d’un impact direct sur la rétention et la performance. Une équipe diversifiée favorise une meilleure communication, une conduite plus prudente et un climat de travail plus sain.
Donner l’exemple pour inspirer la relève
Des femmes dans l’industrie comme Mary Jane Montreuil (On the road Trucking), Isabelle Côté (Challenger Motor Freight), Shelley Walker et Johanne Couture (Women’s Trucking Federation of Canada) ou Frede Forest (Camionneuses Québec) s’imposent aujourd’hui comme des modèles inspirants. Par leur présence médiatique et leur implication, elles démontrent que la passion, la rigueur et le professionnalisme n’ont pas de genre.
Le défi pour l’industrie du camionnage québécoise n’est plus de savoir si les femmes peuvent faire le métier, mais comment rendre le milieu plus accueillant. En combattant les stéréotypes, en offrant des conditions équitables et des milieux sécuritaires, le secteur pourrait enfin atteindre son plein potentiel — et inspirer la prochaine génération à prendre le volant.

En résumé :
Les stéréotypes les plus nuisibles :
• « Ce métier est trop dur physiquement pour une femme »
• « Les femmes ne sont pas faites pour la route »
• « Elles ne pourront pas concilier famille et travail »
• « Elles n’ont pas la même endurance qu’un homme »
Ces idées reçues, encore trop présentes, contribuent à maintenir un déséquilibre de genre dans une industrie pourtant en pleine pénurie de main-d’œuvre.







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